2 heures du matin, le réveil sonne. Dans la chambre, l'obscurité est totale – ou bien est-ce moi qui aie du mal à ouvrir les yeux ? À cette heure-ci, il m'arrive souvent de me coucher mais jamais de me lever... Et soudain j'ouvre grand les yeux et saute du lit. Aujourd'hui, on part faire l'ascension du mont Batur, un volcan culminant à 1700 mètres d'altitude, pour voir le soleil se lever depuis son cratère en activité jusqu'en 1963. On s'habille rapidement et on descend les escaliers du jardin de l'hôtel jusqu'au parking où nous attendent notre guide et notre chauffeur. L'atmosphère nocturne ajoute une sorte de charme mystérieux à cette aventure. Le ciel noir revêt un manteau d'étoiles lumineux et les bruits de la nuit nous emmitouflent comme dans une bulle. Aller hop en voiture, la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt !
Lorsque nous sortons de la voiture, nous assistons à une scène d'une rare violence. Certains touristes tentent de passer le contrôle effectué par les Balinais du coin sans guide local pour les accompagner et se font insulter, pousser, voire frapper par lesdits guides qui n'acceptent pas que les touristes partent seuls. Nous nous éloignons de la scène et rejoignons notre guide local pour entamer la randonnée. Il est 4 heures du matin. Les premiers pas sont mal assurés sur ce chemin sablonneux parsemés de petites roches volcaniques aux formes acérées. La seule lumière de la lampe frontale rend l'expérience quelque peu chaotique mais c'est un des détails caractéristiques qui la rendront inoubliable. Les lampes de chaque grimpeur forment un serpent de points lumineux sur toute la hauteur de la paroi d'ébène. Car si l'expérience est unique à vivre, elle n'en reste pas moins très courue et les touristes comme nous ont été nombreux à se lever très tôt ce matin ! Mais tous ont la même motivation et la même excitation dans le regard encore ensommeillé de voir un lever de soleil volcanique et l'ambiance est bonne enfant.
Après 1 h 20 d'ascension rythmée, nous arrivons au sommet où nous prenons notre petit déjeuner en attendant le soleil.
L'attente dans le froid (air frais et transpiration ne font pas bon ménage, un second t-shirt aurait été le bienvenu !) aura été bien récompensée. Assises sur un rocher, nous découvrons progressivement l'immense cratère et son lac de plus de 7 kilomètres de long au fur et à mesure que le soleil rouge monte dans le ciel. Et c'est avec une joie teintée d'excitation et de naïveté que nous admirons le spectacle naturel grandiose, tout comme une ribambelle de touristes alignés sur des sièges de fortune : vieux banc, rocher, motte d'herbe. Les commentaires fusent dans toutes les langues mais ils ont tous la même signification : la satisfaction d'être là et la petitesse de l'être face à la magnificence de la nature.
Il fait maintenant jour et les rayons du soleil commencent à nous réchauffer. Nous débutons notre descente et passons à côté d'un second cratère, plus petit mais tout aussi profond, dans lequel se sont installés des singes. « Ils ont tout pour manger et vivre ici », explique notre guide local. Des singes dans un cratère, une chose assez inattendue pour l'Européenne que je suis ! Nous longeons la crête sur plusieurs centaines de mètres puis descendons dans un éboulis de sable noir. On prend garde à bien planter les talons et on se laisse entraîner par la vitesse. La course est grisante ! Et tant pis pour les chaussures sales et la quantité de sable qui s'immisce à l'intérieur et dans les chaussettes ! L'expérience vaut bien un peu de poussière ! « Trimakasi », lançons-nous à notre guide une fois arrivées à la voiture. La journée ne fait que commencer et nous en avons déjà pris plein les yeux !